• Fiche étudiante

     

    Nom : Hok’ee. Mon père m’a trouvé ce nom car il signifie « abandonnée » et que j’ai été abandonnée à une famille indienne à ma naissance.

    Age : 14 ans

    Parents : Sorcier indien

    Look d’enfer : Mes bijoux sont fabriqués et transmis par mes ancêtres depuis des générations. Ils sont constitués de perles multicolores, de plumes et d’herbes, et j’en ai partout : dans les cheveux, aux poignets, aux oreilles, au cou… Et puis, il parait que les marques sur mes bras sont des tatouages porte-bonheur. Ils me donnent surtout un look très original !

    Défaut bizarre : Disons que je ne maîtrise pas encore mes pouvoirs à la perfection, et lorsque je suis nerveuse, en colère, paniquée, il arrive que le climat… se dérègle.

    Couleur préférée : bleu ciel

    Aliment préféré : la viande de bison

    Ce que je déteste le plus : tous ceux qui pensent que les rites indiens sont passés de mode. Sans nos danses, comment tomberait la pluie ?

    Activité préférée : Les promenades en montagne. Ça fait toujours du bien de revenir aux sources, de se rendre compte que la montagne est là depuis des siècles. Et puis, parler aux animaux, personne n’en sait plus qu’eux !

    Animal de compagnie : un petit loup gris nommé Fether

    Meilleurs amis : Deuce et Twyla

    Matière préférée à l’école : L’histoire. Vénérer et connaître ses ancêtres est un devoir pour moi !

    Matière détestée à l’école : La mé-crâne-ique. Le fer, la technologie, est-ce que c’est vraiment utile tout ça ?

     

    Les Indiens débarquent à Monster High !

    Après quatorze ans de discussion avec des esprits, de courses contre les ours, de cours de médecine naturelle, d’enfilage de perles, de construction de bijoux artisanaux, de danses autour du feu et d’apprentissage de signaux de fumée, j’y vais ! Depuis près d’un an, je suppliais mon père de me laisser étudier en dehors de notre colonie, et depuis près d’un an, la réponse était toujours la même : non Hok’ee, tu es trop jeune ! Chez les Cheyennes, on ne quitte pas facilement le cercle familial ! Ma mère avait beau insister, rien n’y faisait, mon père restait sur ses positions. Je savais pourquoi : il est le sorcier de la tribu, et il compte sur moi pour reprendre le flambeau. Bien sûr, j’en ai très envie, et je ne veux pas les décevoir, mais j’ai besoin de découvrir un peu le monde, de rencontrer des gens de mon âge, de grandir ! J’étais si triste que j’ai arrêté mes promenades nocturnes dans la forêt avec Loulou. Loulou, c’est mon loup de compagnie. Il est très jeune et il a de l’énergie à revendre, alors l’abandon de ses promenades a été très dur.

                Heureusement, mon père n’est pas un homme cruel, et il a finalement accepté de m’inscrire dans un lycée en ville pour mes quatorze ans. Lorsqu’il m’a appris la nouvelle, j’étais folle de joie et lorsque je me suis lancée au cou de mon père pour l’embrasser, le ciel a rugi et la foudre est tombée sur la tente de mon aïeul. J’ai dû lui en fabriquer une autre ! Mes parents m’ont mis en garde : la civilisation est inquiétante, cruelle, et les hommes blancs sont méchants. Mes parents sont un peu vieux-jeu, ils pensent toujours que tout le monde leur veut du mal et ils appellent « homme blanc » toute personne qui ne porte pas la marque des peaux-rouges. Au début, ce discours ne m’inquiétait pas. Après tout, la devise de mon lycée, c’est : « sois unique ». Je suis unique, je devrais m’intégrer facilement… Mais finalement, sur le trajet de l’école, en plongeant dans mes pensées, j’ai pris peur. Du coup, il a plu alors que tout indiquait que la journée serait belle. Eh oui ! J’ai des pouvoirs que je ne maîtrise pas parfaitement, alors ce genre d’incident arrive souvent lorsque je ne me contrôle pas. En tout cas, je me sentais tout à coup incapable d’affronter cette journée en territoire inconnu. J’étais à deux pas du lycée, et je me suis cachée car je ne parvenais pas à entrer dans l’enceinte de l’école. C’est Loulou qui m’a poussée à aller en cours, parce qu’il étouffait dans mon sac. Non, je n’avais pas le droit de l’emmener, mais je l’ai fait quand même parce qu’il me rassure. Je me suis donc dirigée vers ma classe.

                Se diriger, c’est un grand mot, parce que je ne savais pas du tout où aller. Ce lycée est trop grand ! Je suis donc restée dans les couloirs comme une idiote, à attendre qu’un professeur vienne me chercher. C’est là que le drame s’est produit.

                Mon petit loup en avait vraiment assez de rester enfermée, alors il s’est échappée tandis que je marmonnais une incantation pour faire revenir le soleil que j’avais encore chassé. Je lui ai ordonné de revenir, mais il ne m’écoutait pas. Il s’amusait à courir après un étrange rat. Je sentais la panique m’envahir. Si le proviseur découvrait que j’avais amené un louveteau sauvage au sein de son lycée, j’allais être renvoyée sur le champ ! Au bout de mon premier jour de classe ! Je me lançai à sa poursuite, mais il est rare de gagner une course contre un loup déchaîné… J’entendis des pas dans les couloirs : le proviseur ! Vite ! J’ouvris la première porte que je trouvai pour m’en servir de cachette. Je retins mon souffle en attendant que le bruit des pas s’estompe.

    - Tu es qui toi ?

                Par tous les esprits ! Je n’avais pas pensé que la salle pourrait abriter des lycéens ! Je me retournai. J’étais visiblement dans une salle de sport, un terrain de basket-ball plus exactement. Oui, je sais à quoi ressemble un terrain de basket-ball parce qu’une nuit, je me suis aventurée dans une ville voisine de ma tribu et que j’en ai vu un, presque désert, avec deux personnes qui parlaient de ce sport. J’étais donc sur un terrain de basket, et j’étais à présent dévisagée par quatre garçons, probablement basketteurs puisqu’ils se disputaient un ballon. Je me mis à bégayer, et à m’excuser, mais je ne suis pas certaine que mes paroles étaient compréhensibles. En temps normal, je ne suis pas quelqu’un de timide. Je dirais même que je suis particulièrement loquace, voire bavarde. Sauf lorsqu’on me prend par surprise. Dans ces moments-là, ma peau est trop mâte pour que je rougisse, mais les marques sur ma peau rougissent à sa place.

    - Doucement Clawd, elle doit être nouvelle, ne l’agresse pas !

    - Désolé, je ne voulais pas me montrer méchant, c’est juste qu’elle m’a surpris et j’ai raté mon panier !

    - Alors, dis-nous qui tu es et comment tu t’appelles.

                Je repris mon souffle et fis face à ces basketteurs amateurs. J’aurai dû penser à prendre un escabeau. Pour les regarder dans les yeux, c’était le seul objet qui aurait pu m’aider.

    - Je suis vraiment désolée d’avoir interrompu votre jeu. Je suis effectivement nouvelle et je m’appelle Hok’ee.

    - Enchanté ! Moi c’est Deuce, et voici Clawd, Heath et Holt. Alors, raconte-nous pourquoi tu n’es pas en cours et pourquoi tu es venue te cacher ici.

                Je racontai alors mes péripéties, un peu honteuse d’avoir laissé mon animal m’échapper. Le garçon dénommé Holt ne m’écoutait pas, il chantonnait la musique que son casque, vissé sur ses oreilles, diffusait. Un autre garçon dont j’avais déjà oublié le nom, visiblement ennuyé par mon histoire, lançait le ballon dans le panier, et s’enflammait lorsqu’il parvenait à l’y faire entrer. Les deux autres étaient très attentifs. Lorsque j’eus fini de raconter mon aventure, tous deux se regardèrent d’un air entendu.

    - Je crois qu’on peut t’aider. Ce rat après qui ton loup court, il m’appartient, alors je sais où il risque d’aller. Viens, on va les chercher tous les deux. Pendant ce temps, Clawd va essayer de trouver Twyla.

                Je ne compris pas, mais je suivis Deuce. Il m’expliqua que son rat s’appelait Perseus et qu’il portait le nom d’un héros grec, puis il me raconta son premier jour de classe ici. Comme moi, il ne maîtrisait pas bien ses dons, et il avait changé un professeur en pierre. Puis il me parla de son amoureuse et de tous ses amis. Il les énuméra, je ne retins aucun nom. Il me dit ensuite qu’il jouait dans l’équipe de basket-ball du lycée, que ce jeu et la musique étaient ses deux passions, et qu’il aurait dû s’entraîner dehors aujourd’hui, mais que les dérèglements climatiques ne le lui permettaient pas. Je m’étais sentie honteuse d’interrompre leur jeu, embarrassée d’avoir lâché mon loup sur son rat. A présent, j’étais littéralement morte de honte, et je n’osai lui dire que la pluie, l’orage, toutes ces intempéries étaient là par ma faute.

                Nous cherchions les disparus depuis près d’une demi-heure, et il n’y avait aucun progrès. Et puis, le proviseur arpentait les couloirs, ce qui ne nous rendait pas la chose facile. J’attendais toujours que Clawd apparaisse, mais j’ignorais ce qu’il faisait, et j’ignorais qui il cherchait. Lorsque je demandai  à Deuce qui était cette « Twyla », il me répondit : « une amie ». Ça ne m’aidait pas beaucoup.

    - Bon, je crois que ça ne sert à rien de continuer les recherches. Ils sont introuvables. J’espère que Clawd a localisé Twyla…

    - Désolée de me répéter, mais qui est cette Twyla ?

    - C’est la meilleure amie de la petite sœur de Clawd. Elle passe sa vie dans l’obscurité, alors si Perseus se cache, elle découvrira sa cachette. Le problème, c’est que Twyla connait si bien les recoins sombres de l’école qu’elle est souvent introuvable !

                Bien. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin dans ce cas ! Je sens que c’est fini ! Mon loup va être découvert, je vais être renvoyée, et je vais donner raison à mes parents lorsqu’ils disaient que je n’étais pas faite pour la civilisation. Tout est fini !

    - Tiens ! L’orage gronde à nouveau…

    - C’est normal. Quand je suis triste, ou en colère, je détraque complètement le climat ! C’est l’enfer !

    - Allez ! Arrête de te faire du mauvais sang ! Cleo et ses amies terminent bientôt leur cours de sciences, elles vont pouvoir t’aider.

    - Si le proviseur ne nous trouve pas avant ça !

                Je n’étais toujours pas persuadée de réussir à retrouver mon loup fugitif et probablement perdu dans cette nouvelle école, mais je commençais à reprendre espoir. Deuce me questionna à propos de ma famille, de mes activités… Je lui parlai de mes balades, de mes signaux de fumée, de mes bijoux. La création de bijoux, ça avait l’air de l’intéresser, parce que son amoureuse était friande de bijoux.

    - Si tu veux, je peux te montrer comment on les fait.

    - Apprends-moi comment on fabrique un bijou comme le collier que tu portes.

    - C’est un attrape-rêve, précisai-je.

    - Un quoi ?

                Je m’apprêtais à lui expliquer ce qu’était un attrape-rêve, mais je fus devancée par une voix grave et douce que je ne connaissais pas encore et qui semblait sortir de l’obscurité d’un rêve.

    - C’est un objet artisanal amérindien composé d’un anneau en bois et de fils reliés entre eux de manière à constituer une toile. On les utilise dans la culture indienne la nuit. Cet objet capte les rêves et les emprisonne dans la toile. Elle retient les mauvais rêves et envoie les bons rêves dans les plumes accrochées à l’anneau, et ces plumes renvoient elles-mêmes les rêves vers la personne endormie. Au lever du soleil, les mauvais rêves sont brûlés.

                La jeune fille-encyclopédie me faisait penser à une poupée, mais une poupée-fantôme. Elle était accompagnée par Clawd. C’était donc elle la fameuse Twyla, la fille du croque-mitaine… Pas étonnant qu’elle en connaisse autant sur les attrape-rêves, c’est une spécialiste des cauchemars…Nous fîmes connaissance, brièvement, parce que le temps nous pressait.

    - Ne t’inquiète pas. Ton loup est apeuré parce qu’il est loin de chez lui, mais je sais où il est. Nous allons le chercher pendant que les garçons occupent Mme Sans-tête. Allons-y !

                Je suivis la jeune fille tandis que Deuce et Clawd se précipitaient dans le bureau de la directrice, une réclamation urgente et fictive à la main. Elle me conduisit à un sous-terrain. « Ce sont les catacombes » m’expliqua-t-elle. Une musique effrayante et magistrale nous accompagnait. Twyla me dit que la fille du fantôme de l’Opéra était en train de répéter pour un concert, et qu’on ne devait pas la déranger. Je n’y comptais pas. La seule musique que je connais, c’est celle de la flûte en bois du musicien de la tribu, et elle est beaucoup plus douce, et elle sert à communier avec les esprits. J’avais l’impression d’avoir atterri dans un labyrinthe semblable à celui du faune. Je ne savais pas où j’allais, et Twyla ne me laissait pas le temps d’observer les environs. Néanmoins, je voyais des formes dans le noir, des ombres près des torches, des mouvements sous l’eau… Je suis habituée aux phénomènes paranormaux. Je sais que les humains peuvent se changer en ours ou en loup, je sais que les oiseaux sont bavards, je sais que les esprits le sont aussi, et je sais que c’est en dansant qu’on provoque la pluie. Mais là, ça devenait vraiment inquiétant.

    - Les catacombes sont remplies de mystère. Si je te disais tout ce qu’il y a ici, tapi dans l’ombre, tu ne me croirais pas !

                Je me suis officiellement mis à paniquer. Je suppose qu’il s’est mis à neiger dehors… Il faut vraiment que j’arrête de faire pleurer le ciel, le pauvre ! En tout cas, avec Twyla, je ne risque rien. Qu’y a-t-il de plus effrayant qu’une attrapeuse de cauchemars ?

                Nous entrâmes dans une pièce sombre. A peine avait-on ouvert la porte qu’une grosse peluche grise se jeta sur moi. J’avais enfin retrouvé mon loup fuyant ! Le rat de Deuce était là aussi. Son propriétaire nous rejoignit presque aussitôt et attrapa son animal de compagnie. Clawd le suivait. Il nous conseilla de cacher nos animaux, car la directrice arrivait. Nous le fîmes juste avant qu’elle n’entre. Elle nous dévisagea, et nous subîmes un interrogatoire. Pourquoi nous étions dans un endroit si dangereux, pourquoi je n’étais pas en cours, etc… Je suis une très mauvaise menteuse, mais heureusement pour moi, ce n’est pas le cas de Clawd et de Deuce. La directrice nous dît de nous tenir tranquilles et de ne plus faire de vague. Nous promîmes.

                J’étais tellement soulagée de ne pas être renvoyée et d’avoir retrouvé Loulou, sain et sauf que le soleil se remit à briller. La cloche se mit à sonner, et je vis une foule monstrueuse s’élancer hors des salles de classe. Plusieurs silhouettes vinrent nous voir. Deuce et Clawd me présentèrent à tout le monde. Twyla était déjà repartie. Deuce m’expliqua que sa timidité n’a d’égal que sa gentillesse.

                Nous sortîmes afin de profiter du ciel clément et ensoleillé, tout du moins jusqu’à ma prochaine crise de panique. Cependant, je compris vite que chacun des étudiants présents avait son petit défaut qui le rendait aussi unique et indispensable.

                Sur le chemin du retour, alors que je faisais le bilan de cette périlleuse et incroyable première journée dans le monde civilisé, je reçus la visite de l’une de mes arrière-arrière-arrière-grand-tantes qui portait un message de mon père. Il voulait savoir si tout allait bien, et si je ne voulais pas rentrer à la maison. Non Papa. Ce n’est pas simple de découvrir une nouvelle civilisation, mais c’est merveilleux, et je ne regrette pas d’être venue. Je me suis fait des amis, Loulou aussi, et ce n’est qu’un début, j’en suis certaine. Je suis très heureuse, ici, à Monster High, parce que je peux être qui je suis, je n’ai pas à faire semblant. Ce sont mes différences qui me rendent unique aux yeux de mes amis. Papa, c’est merveilleux d’avoir des amis. Encore une chose Papa : tu avais tort. Les hommes blancs ne nous veulent pas tous du mal, et ce sont souvent des gens formidables.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique